En Europe, en forêts tempérées de plaine, d'après les sources historiques écrites, il est avancé que la prédominance des chênes résulte de la gestion forestière historique qui aurait induit le remplacement du hêtre par les chênes, y-compris dans des conditions favorables au hêtre, sur des sols bien drainés. Pour tester l'hypothèse précédente, selon des aspects écologiques, nous avons réalisé une étude en haute résolution spatiale par des analyses pédoanthracologiques.
Nous avons échantillonné des sols, pour extraire des assemblages en macro-charbons, sur 19 sites de chênaie du plateau lorrain. Les macro-charbons ont été identifiés taxonomiquement et certains ont été datés par des mesures radiocarbones.
L'analyse de plus de 5 600 charbons, a permis d'identifier 19 taxons. Les chênes dominent la composition des assemblages, suivi du charme et du hêtre, qui sont tous trois présents sur (quasi-)tous nos sites à l'échelle régionale. D'autres taxons sont moins présents dans les assemblages et n'apparaissent que sur certains sites, à l'échelle infrarégionale. 71 datations indiquent 1) la présence de hêtraies à l'âge du bronze, à l'échelle régionale, 2) les chênes apparaissent communs à partir de la fin de l'âge du bronze, et 3) en mélange, ou alternance, avec le hêtre dès le milieu de l'âge du fer. Ces résultats fournissent de nouvelles preuves, écologiques, que la gestion historique des forêts tempérées de plaine, en Europe occidentale, a provoqué le remplacement du hêtre par les chênes, et donc la modification de la composition spécifique des peuplements forestiers, dès l'âge du bronze.