La Grande Guerre a profondément marqué Le Nord et l'Est de la France, où les reliefs générés par les combats ont été figés par la reconquête forestière, effaçant de toute trace de l'usage ancien des sols. Ce bouleversement a aussi engendré l'enfouissement de milliers de munitions non explosées, qui en se délitant libèrent de nombreux composés chimiques toxiques.
L'étude a pour objectif d'évaluer la résilience des « polémo-forêts », en vérifiant la synchronisation de la régénération forestière suite à la destruction totale des écosystèmes, et en mettant en évidence d'éventuelles modifications durables de leurs fonctionnements (communautés végétales, traits d'histoire de vie) suite aux perturbations.
Les forêts aujourd'hui en place sur la zone de front (Argonne et Somme/Artois) sont étudiées en considérant leurs antécédents : celles reconstruites sur d'anciennes forêts et sur des terres arables sont comparées aux forêts anciennes et récentes de zones non impactées par la guerre.
Les premiers résultats attestent d'une différence de composition et de richesse des communautés végétales et la présence d'espèces indicatrices témoigne d'une influence à long terme de la Guerre. Concernant l'usage des sols, il apparait que les forêts en place bénéficient d'une « mémoire » du sol, traduisant une continuité temporelle dans leur dynamique, même après destruction ultime. Des analyses chimiques complémentaires permettront de mettre en relation l'adaptation de la végétation à la pollution.