Depuis près d'une décennie, la déprise agricole est vue de manière plus positive en Europe car elle permet la reconstitution de trames forestières dans des paysages historiquement très anthropisés. Le recouvrement effectif de communautés sylvatiques caractéristiques, riche en espèces spécialistes et fonctionnellement diversifiées, n'est cependant pas garanti : l'écologie historique a démontré à quel point les contraintes de recrutement et de dispersion peuvent limiter la recolonisation spontanée de la biodiversité des forêts. Ainsi, une question essentielle pour mieux comprendre les processus d'assemblage et les enjeux de conservation liés à ces phénomènes de déprise, est de savoir dans quelle mesure les caractéristiques fonctionnelle et phylogénétique peuvent se rétablir spontanément dans les forêts récentes. Pour répondre à ces questions, nous avons combiné différents indices de biodiversité et comparé les communautés végétales de boisements récents à celles d'un réseau de forêts anciennes en Bretagne. Ces communautés, bien que nettement différentes de celles des forêts anciennes sur le plan taxonomique, présentent des caractéristiques écologiques intéressantes du point de vue de la conservation, telles que des structures fonctionnelles proches de celles des forêts anciennes et des niveaux élevés de diversité phylogénétique. Ces caractéristiques témoignent d'une certaine capacité de résilience et d'un potentiel adaptatif aux perturbations. Nous proposons de discuter de ces aspects ainsi que des perspectives méthodologiques de ces travaux qui s'appuient sur une définition multifacette de la biodiversité floristique.