La dynamique temporelle de l'occupation du sol peut être considérée comme un facteur écologique important. Par conséquent, l'absence ou le manque de données spatiales antérieures au 18e siècle sur l'exploitation des terres agricoles limite notre compréhension de l'état des écosystèmes forestiers contemporains. Les reliques des pratiques agricoles ont fortement marqué de nombreux paysages modernes et ont ainsi considérablement perturbé les écosystèmes forestiers au cours des derniers siècles. Les anciens systèmes de champs dans les Vosges haut-rhinoises (68) datent principalement de la période médiévale (du 6e au 15e siècle) et consistent en des structures parcellaires ou linéaires. La détection de ces microreliefs à partir du LiDAR (détection et télémétrie par ondes lumineuses) permet d'établir une nouvelle base temporelle pour reconstruire les changements forestiers à des échelles pluriséculaires sur des zones étendues. Une évaluation, à l'échelle du massif (1185 km²), des trajectoires temporelles de l'occupation du sol des anciens systèmes de champs a été réalisée à partir des cartes de l'État-Major (19e siècle) et d'une base de données régionale récente (2012). Les anciens systèmes de culture couvrent environ 6,6 % de la zone d'étude (78,5 km²). Moins de 2 % (877 ha) de la zone cartographiée comme forêt au 19e siècle était cultivée au Moyen-Âge. Ceci démontre la pertinence de l'intégration des anciens systèmes de champs pour caractériser les zones de forêts anciennes. Cette étude ouvre également de nouvelles perspectives pour l'évaluation précise de l'âge des écosystèmes forestiers.