En environnement changeant la dispersion est un facteur clé pour comprendre l'assemblage et la distribution des espèces. Elle est particulièrement importante pour les espèces forestières, chez qui elle est souvent limitée à quelques centimètres à mètres par an, et pour qui l'habitat est presque toujours très fragmenté. Dans ce contexte, l'agestochorie (i.e. la dispersion des propagules par les engins utilisés pour la gestion forestière) pourrait contribuer à la migration des plantes sur de longues distances et, in fine, à l'adaptation des forêts aux changements globaux. Toutefois, l'importance de l'agestochorie comme mode de dispersion non-conventionnel reste mal connu. Ici, nous avons cherché à combler cette lacune en décrivant et en quantifiant la flore dispersée par les engins forestiers.
Pour ce faire, nous avons prélevé 115 échantillons de terre sur les pneus de différents engins pour en étudier différents paramètres physico-chimiques (humidité, pH, texture) et la composition en propagules par la méthode d'émergence en serre.
Plus de 16 000 diaspores ont donné une plantule permettant d'identifier 159 espèces, dont la diversité fonctionnelle, les affinités écologiques et le degré d'indigénat ont pu être précisés. Nos résultats démontrent que les engins sont des vecteurs potentiellement efficaces pour la dispersion à longue distance d'espèces autrement à dispersion limitée, mais avec un biais en faveur de la flore inféodées aux ornières.